Quito, jour 7

C’est fou comme on en vient à s’habituer à l’altitude et à l’ascension interminable des sommets. Les efforts des jours précédents paraissent risibles en comparaison de celui de ce jour, au sommet du Pichincha qui borde la capitale à 4696 m. Le téléphérique qui mène à son pied comprime la tête telle une cocotte-minute, avant-goût de ce qui reste à accomplir à pied. Tout est dans la tête et tout y revient quand le souffle vient à manquer et le nez à saigner. C’est la tête aussi qui joue des tours face aux précipices qui s’accumulent et s’approfondissent. On apprend petit à petit à dompter ses peurs qui ne sont qu’intérieures. On est comme ivres d’oxygène à la descente, une euphorie puissante qui doit aussi trouver en son sein la fierté d’y être arrivé. La tête qui tourne, les joues qui brûlent, les poumons qui hurlent et le sourire aux lèvres, on redescend le coeur léger. C’est donc ça, être vivant. Quelque chose qui brûle au coeur.

Départ plus tard pour Riobamba depuis le fantasmagorique terminal de bus de Quitumbe, au Sud de Quito. Y règne le plus formidable capharnaüm où chacun a pourtant son rôle et sa place. Dédale de buvettes, de stands souvenirs, de voyageurs assoupis, de ballons gonflés à l’hélium, de chips à la banane et de dames-pipi toujours aussi avares en papier toilette. Riobamba ressemble à La Nouvelle-Orléans, et c’est la même moiteur fiévreuse de vivre qui y règne.