Quito, jour 12

Il aura plu jusque tard dans la nuit. Dernière journée dans la jungle, et la crue du fleuve l’a rendue si bouillonnant que la forêt semble vouloir nous dire qu’il faut encore rester. L’eau est épaisse et brune tel un lait cacaoté. On reprend pourtant la pirogue battue par les courants capricieux jusqu’à la minuscule station de bus tout juste sortie de terre au bord du fleuve. L’aura providentielle et magique de la forêt semble nous accompagner jusque sur les routes de montagne slalomant entre les ravins et les arbres noirs, où la même brume rend le chemin imaginaire. La ville elle-même paraît irréelle après la jungle verte. Les klaxons remplacent le bourdonnement des grillons même si l’électricité de l’air reste la même. L’impression d’être dans un endroit unique au monde et partout à la fois.